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Lettre ouvert u13F 1

Publié il y a 3 mois par

Lettre ouvert u13F 1

L'union fait la force

u13F 1 : Lettre ouverte
L’union fait la force
Il était temps. 2024 avait déjà commencé depuis douze longues journées, et rien ne semblait arriver. Pourtant, Artas
enneigée (pas assez à mon goût, mais qui sait, la neige reviendra peut-être couvrir le vert sombre des collines alentour
bientôt) n’attendait que ce retour, détendu mais essentiel, de ses championnes. Dans ce Colisée du Nord-Isère (non,
je n’en fais pas trop !) qu’est la sacro-sainte enceinte de l’ABC (Artas Basket Club pour les néophytes, ça reste le B.A.BA
mais sait-on jamais), à 13h30 précises, le premier match officiel de mes championnes préférées commençait. Je l’ai
attendu avec impatience, moi le néo-Artasien, fan inconditionnel des filles en rouge et blanc. Il devait tenir toutes ses
promesses. Celles d’une équipe ambitieuse, avec la soif de gagner et l’amour du beau jeu, celles d’un collectif uni pour
prendre du plaisir.
On se la joue courte ? 12-6 au premier quart-temps. 31-19 à la mi-temps. 53-23 pour la pause. Et on finit à 74-37, en
toute tranquillité. En termes de chiffres, il n’y a pas vraiment photo : les Artasiennes étaient franchement meilleures,
sans aucun doute possible. Quasiment jamais inquiétées face une équipe adverse vaillante et friande de panier à trois
points – comment ne pas applaudir instinctivement face à ces tentatives parfois hallucinantes et couronnées de succès
? -, c’est avec une forme de naturel déconcertant que les championnes de mes samedis ont déroulé leur jeu.
On ne change pas une équipe qui gagne : un coach prêt à donner de la voix (Luciano Pavarotti a de la concurrence,
pardi !) et à provoquer les rires tendres du public, des joueuses qui se donnent spontanément et des parents motivés
pour se cailler les miches devant leurs filles adorées. Oui oui, c’est vrai, Chloé, Sienna, Faustine, Juliette, Léonore, Isis,
Manon et Lola n’ont pas montré leur plus beau jeu, mais en même temps... Que demande le peuple ? “Du pain et des
jeux !” diraient les Romain.e.s. Ici, le pain arrive après les jeux, voilà tout.
Non, ce qu’il faut souligner pour ce match de reprise, c’est l’admirable ténacité des joueuses qui, à défaut de rester
longtemps sur le terrain, arrivent à entrer toutes fraîches et pimpantes, courant à toute berzingue, quitte à donner
quelques coups involontaires à des adversaires un peu médusées, qui voient régulièrement une vague de talents
s’abattre sur leurs côtes. Littéralement. Cette capacité à donner de soi pour un collectif artasien qui sait se soutenir et
se faire confiance, quitte à sortir peu après malgré tout. Je dois avouer, avec mes petites crises d’ego (ne dites rien à
mes élèves, ils et elles ne pourraient que trop approuver), que je suis admiratif devant cette abnégation.
Cette même abnégation s’est sentie sur le banc. Pardon, je me suis mal exprimé. Sur le banc d’en face. Celui qui
héberge les discussions, les cris d’admiration, les “Bravo !”, les grognements, les critiques face à l’arbitrage (qui fut
impeccable aujourd’hui, évidemment, on est à la maison, voyons) et les regards de tendresse vers les championnes
sur ou hors du terrain. Celui où on peut entendre des “Remets ton T-shirt ! Tu vas attraper mal !” ou des “Ah bah là
elle râle, je le vois, elle est pas contente...”, autant de remarques touchantes, qui me rappellent à quel point c’est
délicieux d’être au milieu de parents aimants. Des parents qui, malgré tout le contexte sportif, n’en oublient jamais
d’être des parents. Ces parents adorablement relous qui parfois s’adressent à leurs filles directement sur le terrain, ce
qui cause probablement un “Maman, t’es gênante là...” exaspéré dans leurs esprits. Ces parents dont je ne parle jamais
assez dans mes articles, mais qui sont le véritable poumon de l’ABC. Ces parents qui me font rire, m’émeuvent, me
laissent parfois perplexe, que je ne peux pas vraiment comprendre tout en partageant un moment unique à leurs
côtés. Vous voyez ?
Et bien ces parents-là, les yeux brillants, regardent leurs filles avec une telle admiration, qu’on en serait presque triste
que le match soit si court. Parce que celles-ci sont tellement douées. Et elles travaillent d’arrache-pied, elles tentent
des folies, des envolées, des passes laser (on appelle ça comme ça, au volley, je ne sais pas s’il en est de même au
basket, mais on ne doit pas être loin...) au cordeau, elles se serrent les coudes quoiqu’il en soit, et bon sang c’est juste
beau.
Une scène m’a marquée : celle de l’échauffement, à 2 min 25 du début du match. Là où je les avais toujours vues
s’échauffer un peu mollement, avec un enthousiasme modéré - et c’est un euphémisme -, presque chacune dans ses
pensées et dans son coin, j’ai eu le droit à un instant de grâce. Alors que les filles étaient alignées (sauf Faustine, parties
vers d’autres horizons possiblement), s’apprêtant à courir ensemble, Léonore s’est écriée “On attend Sienna !”, qui
portait des ballons pour les ranger. Cette simple phrase, l’attention nette de toutes les joueuses présentes, tournées
vers Sienna, le temps de quelques secondes suspendues, sont autant d’éléments qui donnent à ce collectif tout son
sens.
Alors visons le collectif, visons cette solidarité qui les caractérise car elles ont appris à la construire, à la tisser, à la
nouer, à lui donner une direction. A ces joueuses, courageuses et pleines d’humilité, qui ont dominé leurs adversaires
de la tête et des épaules sans jamais s’en vanter, je dis merci. Merci de donner cette leçon simple, à travers des gestes,
des mots, des regards. Cette leçon que les adultes, même sportifs, ont parfois du mal à saisir : l’union fait la force.
Elles ont toutes leur place, une place à prendre, et lorsqu’elles la prennent, même lors d’un court instant, elles
produisent des merveilles.
Bravo mesdames, je vous admire et vous m’inspirez. Mais la prochaine fois, mettez le chauffage. C’est mon mirobolant
salaire de prof qui régale, si besoin
Pablo Brahimi

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